Deuxième étape de mon Tour de France ! J'atterris à La Roue chez Aliénor et Greg. Au programme de ce post : les White Stripes, Riri, Fifi et Loulou, la Pleine Lune et Franck Ribéry. Prochaine étape : les rencontres tiers-lieux 2021 au Moulinage de Chirols !
Installée à Chabeuil dans le Drôme après le premier confinement, La Roue est une jeune association dont l'objectif est de redonner aux personnes le pouvoir de créer et de faire. La Roue se veut comme un lieu ouvert à tout le monde, un espace hybride où les compétences et les connaissances se mêlent, une fabrique où on peut tout faire. Une alternative à Netflix où n'importe qui peut proposer une activité et faire vivre le lieu. Un endroit comme on aimerait avoir à côté de chez soi et où se sent chez soi. EN SAVOIR PLUS SUR LA ROUE
J'aime bien les bars
Je pars de chez mon ami Tangi, à Saint-Martin-le-Colonel, vers 11h30. La route est agréable, quelques lacets m’amusent et le van répond bien. Le temps se couvre de plus en plus et ça sent la pluie. Je passe le Col des Limouches et quelques minutes plus tard, je passe le panneau d’entrée de Chabeuil. Aliénor m’a indiqué un endroit où me garer à proximité de chez elle. Après avoir été installée dans un bâtiment communal de mai à septembre 2020, La Roue a en effet dû trouver refuge dans la maison d’Aliénor et Greg. J’arrive donc rue de Mazet aux alentours de 12h30 et Aliénor, accueillante, m’ouvre la porte ; une porte qui donne sur une salle d’activités. Je note qu’il y a un bar. Je ne sais pas pourquoi mais c’est rarement le genre de choses qui m’échappent. J’aime bien les bars, j’ai toujours aimé les bars. Je pense que ça me vient de ma grand-mère. Peut-être est-ce dans mon imaginaire mais j’aime raconter qu’elle a été patronne de boite de nuit et qu’à près de 90 ans, elle est retournée, seule, dans une boite en Belgique. Il lui arrivait encore avant le confinement d’aller boire un verre dans un café à côté de chez elle. Jamais plus d’un galopin, après les gens peuvent profiter de vous.
Des transistors en transition
"Po po lo po po po po" (The White Stripes)
Aliénor m’emmène visiter l’atelier où je rencontre Franck, un des co-workers de la Roue. Franck est luthier, il fait des guitares mais ne sait pas en jouer et ça le frustre quand même pas mal. Greg est devant l’établi – qu’il a rangé pour l’occasion. Il est très sympa et parle beaucoup mais jamais pour ne rien dire. Très vite, je me sens comme chez moi. Dans un coin de l’atelier, il y a une rangée de vieux transistors et Greg m’explique qu’il les retape en amplis pour guitare électrique. En fait, il transforme tout et n’importe quoi en ampli, même des haut-parleurs de stade de foot ou des bidons d’essence. Dans la maison gambadent Riri, Fifi et Loulou (les prénoms ont été changés ndlr), leurs trois enfants. Assis sur la terrasse de la maison, l’échange est facile. Greg évoque les activités périscolaires qu’il aimerait mettre en place autour de l’apprentissage de la musique. Je lui fais part de l’expérience du Club de Ukulélé de Dijon et il note tout au fur-et-à-mesure. Pour Greg, il faut sortir de l’apprentissage classique du solfège ou d’un instrument. Son idée se situe à mi-chemin entre l’éveil musical et la formation d’un groupe. On passe de la guitare à la batterie, de la basse au clavier et parfois on écoute simplement des musiques du Monde en fermant les yeux. Quand je serai grand, je serai un élève de Greg.
Soir de Pleine Lune
L’après-midi, le couple m’accorde une bonne heure pour qu’on complète ensemble la grille d’entretien que j’ai préparé en amont du voyage. Je vais avoir de la matière. On décide de couper l’exercice en deux et de reprendre le lendemain. Au calme, je commence à rédiger le premier article du voyage. Il y a déjà tellement de choses à raconter ! Angelina, une des co-workeuses de La Roue, passe la porte en milieu d’après-midi. Elle vient préparer l’atelier photo qu’elle anime le lendemain pour une petite dizaine d’enfants du village. Dehors, la pluie bât le pavé sans s’arrêter. Je pense aux coureurs du Tour de France qui, malgré leur vitesse, n’arrivent probablement pas à passer entre les gouttes. Vient le temps de l’apéro. Avec Greg, on se rend compte que nous avons des connaissances en commun ; c’est marrant comme le Monde est petit. La bière de la Pleine Lune est une très bonne découverte et, à regret, je dois renoncer au troisième verre car j’ai quelques minutes de route pour rejoindre le spot que j’ai repéré sur Park for Night. La pluie continue sa course depuis les nuages qu’on ne distingue plus tellement. Il fait nuit et j’organise le camion pour dormir. Les gouttes tapent sur la tôle du toit comme d’énormes grêlons. Je vais bien dormir.
Ça fourmille à La Roue
« La routourne va vite tourner » (F. Ribéry)
Le lendemain, Greg a mal à la tête. L’enregistrement des neufs morceaux a duré tard. On prend le temps d’un café sur la terrasse. Le soleil dévoile peu à peu ses rayons chauffants, on est bien sur cette terrasse. Aliénor me propose d’aller voir Marie du Moulin Digital – un espace de co-working. Marie participe, à deux pâtés de maison, à une réunion dont le but est de regrouper les tiers-lieux du département en organisme de formation. On échange deux mots ainsi que nos mails et Marie me propose de m’envoyer une liste de tiers-lieux à visiter dans la région. Au retour, Greg me fait écouter les rushs de la veille. Du slam bien senti sur des parties instrumentales qu’il a lui-même composées. Planant. Après le déjeuner, ça fourmille à La Roue ! Entre l’atelier d’Angelina, la venue de trois co-workers, la préparation de l’atelier du soir, il y a du monde partout. Apparemment, je suis tombé au bon moment ! Aliénor court partout, tout le temps mais parvient à me dégager une heure pour finir l’interview. Tellement de matière.
@Aliénor
Le folk du climat
« C’est des conneries ça » (Maverick Lovebird)
Dans la salle d’activités, Fred prépare son atelier sur la fresque du climat. Créée par Cédric Ringenbach, l’idée est de faire interagir une petite dizaine de personnes autour d’images représentant des causes ou des conséquences directes ou indirectes du changement climatique. Autour de la table, tous sont déjà sensibilisés et la fresque prend vite forme. J’avoue avoir un peu manqué de bienveillance quand est évoquée la possibilité de « créer » des forêts qui permettent de stocker davantage de carbone. Foutue déformation professionnelle. J’ai à peine le temps de calculer mon empreinte carbone (aux alentours de 6,5 T eq. CO2) que je dois filer à la session folk organisée par Greg dans la cave de La Roue. Organisée à l’arrache, peu de personnes ont fait le déplacement mais ça donne une tonalité intimiste est c’est loin d’être désagréable. Greg a un super toucher et raconte bien les histoires. Je me contente de faire ce que je sais faire et ça semble plaire également. En tout cas, tout le monde a le sourire et c’est le principal.
Départ vers le Moulinage de Chirols
Ce matin, c’est captation vidéo pour mettre en valeur le travail de Greg de transformation des transistors. Apparemment, aucun ne semble adapté à ma guitare électro-acoustique (il me manque un pré-ampli). Dommage. Dans l’espace du bas, ça fourmille à nouveau. Les bureaux sont tous pris et Mathilde anime son atelier « Pousses de science ». Il va bientôt falloir prendre la route. Direction l’Ardèche et le Moulinage de Chirols où sont organisées les Rencontres Tiers-lieux 2021. A défait de pouvoir y participer (l’événement affiche complet depuis plusieurs semaines), je serai bénévole ! A la place des responsables, je me mettrai au bar, j’aime bien les bars.
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