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HISTORIQUE

Au départ, une opportunité. Les Pratos, un collectif de compagnies de théâtre quitte la ferme dans laquelle ils sont installés à Saint-Thual depuis une petite dizaine d’années. Très connectés aux Pratos, Yannick du collectif la Mécanique – une association de production musiques actuelles – et Yann de la Stroga – une association de location de chapiteau et traiteur – veulent saisir l’occasion. Rapidement rejoints par Guillaume de la Mécanique, plusieurs réunions sont organisées en août 2018, rassemblant les collectifs et les groupes au sein desquels les trois comparses gravitent localement. L’idée : investir un lieu en commun qui permette de stocker le matériel et de mutualiser les moyens de travail au bénéfice du secteur technico-artistique local. Une association, Le Village, est vite créée et en octobre, les premières résidences sont accueillies.

BATIMENT

Le Village est installé dans une vieille ferme du 16ème siècle, appartenant au domaine du château situé de l’autre côté de la départementale 70. Mais le lieu est possiblement encore plus ancien : dans une dépendance de la ferme, une vieille cheminée semble datée de 1156… A leur arrivée, les collectifs passent un mois à nettoyer le site, à mettre aux normes le système électrique ou à retaper quelques pièces du corps de ferme, dont la salle de résidence. La propriétaire prendra également à sa charge quelques travaux.

SERVICES ET USAGES

Le lieu propose plusieurs services et usages :
●    Stockage de matériel (entretien et usage mutualisés)
●    Bureaux
●    Moyens de travail mutualisés 
●    Résidences et répétitions artistes
●    Bar associatif
●    Concerts, festival
●    Location de salles

GOUVERNANCE

Le Village est une association de Loi 1901 créée en 2018 qui compte environ un millier d’adhérents. On distingue les adhérents résidents, les adhérents membres actifs, les adhérents usagers et les adhérents spectateurs. L’association n’est pas dotée d’un Conseil d’Administration mais simplement d’un représentant légal. Un comité de pilotage, qui n'apparaît que dans le règlement intérieur, est par contre instauré. L’instance permet de créer les espaces de discussions et de prise de décision. L’Assemblée Générale annuelle réunit l’ensemble des adhérents, à l’exception des adhérents spectateurs.

MOYENS

L’association n’emploie pas de salarié. Elle ne bénéficie d’aucune subvention, à l’exception d’un fond d’aide, financé par les collectivités territoriales, géré par le GIP Cafés Cultures et destiné à favoriser l’emploi artistique dans les cafés et restaurants. Les recettes sont partagées entre les cotisations (qui permettent de payer le loyer), la billetterie, le bar associatif et la location de salles. Le budget annuel est d’environ 20 000 euros.

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Le Village
27-29 août 2021

Le Village est un ancien corps de ferme qui rassemble plusieurs collectifs issus du monde de l’évènementiel et des musiques actuelles. A ce stade, on ne peut pas véritablement parler de tiers-lieu. L’association qui a été créée permet principalement de faciliter l’administration et la vie du lieu. Elle ne développe pas, pour le moment, un projet culturel à part entière. L’initiative de départ a principalement été motivée par le besoin de mutualiser les moyens entre les collectifs (stockage, matériel son et lumière, bureaux). Pour autant, d’autres activités s’y développent (brasserie artisanale, atelier de décoration, etc.) et de nombreux artistes sont accueillis en résidence une bonne partie de l’année. L’été est enfin rythmé par de nombreux concerts, avec en point d’orgue le Microscop’ Festival fin août. Le potentiel est énorme et j’ai hâte de revenir me perdre dans la campagne de Saint-Thual.

RENCONTRE AVEC... 

Guillaume, coordinateur

Raconte-nous les tous début du Village

 

A l’époque, nous étions plusieurs collectifs à stocker du matériel dans un lieu géré par David (alias Vidda, le frère de Guizmo / Tryo). En 2018, David déclare un cancer et décède quelques mois plus tard. Il fallait que nous trouvions une solution pour déménager tout notre matériel. C’est à ce moment que nous apprenons que le collectif des Pratos – un collectif de compagnies de théâtre – quittait la ferme dans laquelle ils étaient installés depuis une dizaine d’années. En l’espace d’un mois, nous avons réuni pas mal de gens avec qui nous travaillions en local sur des festivals. A la fin du mois d’août 2018, l’association était créée et nous prenions possession des lieux. Au début, on trouvait parmi les résidents du Village : le collectif La Mécanique – une association de production musiques actuelles, la Stroga – une asscociation de location de chapiteau et traiteur et So6sound – un collectif de musique techno. Il y avait également Soizic – décoratrice, Benji – électricien de festival et Stéphane – brasseur. Des groupes de musique de La Mécanique faisaient et font toujours partie de l’association. En avril 2019, l’inauguration du Village réunit 800 personnes sur une seule journée. C’était un super événement, familial surtout. Je me rappelle que So6sound animait une yourte où les enfants pouvaient venir découvrir les musiques électroniques et toucher les machines. C’était clairement un succès et ça nous tenait à cœur de montrer aux gens qu’on était dignes de succéder aux Pratos. 

 

Au départ principalement pour mutualiser le matériel et les énergies, le Village pourrait-il développer un projet culturel dans les prochaines années ?

 

Clairement ! C’est ça qu’il faut pour ce lieu. Je le vois aussi comme un moyen de développer les carrières de tout le monde. Mais avant, il y a un gros boulot de structuration de l’association. Aujourd’hui, nous sommes très peu nombreux à être présent régulièrement pour gérer le lieu et porter la notion de collectif et à lutter contre la notion de collocation ; et c’est dur. Et tout le monde ne comprend pas bien le fonctionnement associatif. En parallèle, les jeunes de So6sound sont de plus en plus impliqués. Il y un véritable enjeu à créer de la cohésion entre les anciens sages, les pros dans l’action et les jeunes plein d’idées mais moins structurés et compétents en gestion de projet culturel. Il y a aussi un enjeu à structurer l’organisation de spectacles. A plus long terme, j’adorerais proposer au comité de pilotage de demander une licence de spectacle et de solliciter un agrément ERP (Etablissement Recevant du Public). On aimerait aussi que ce lieu puisse être mis à disposition et vivre au travers d’autres associations ou collectifs locaux. Personnellement, je ne pourrai pas m’occuper de mettre sur pied un projet culturel. Mon métier de technicien, le développement de La Mécanique et la coordination administrative du Village me prennent déjà beaucoup de temps. Il faudra trouver un autre moteur ; quelqu’un de compétent qui s’intègre dans le collectif, qui comprenne le contexte, qui appréhende les ressources… et qui paye son poste. Un sacré challenge mais un challenge excitant !

 

Comment le Village est-il perçu localement ?

 

Tout le monde a été très bienveillant lorsque nous avons repris le lieu et l’inauguration a été un véritable succès. A l’époque, nous avions dépanné une AMAP locale qui cherchait un lieu pour distribuer ces paniers. Ça a contribué à donner du crédit au lieu et ça nous a aussi donné l’occasion d’ouvrir la buvette le vendredi soir. Seulement, lors du premier confinement, certains se sont installés, le confinement n’a pas été bien respecté et c’était un peu le bordel. Ça a commencé à jaser. Pendant l’été qui suit, So6sound organise un événement éléctro, pour lequel la population locale  a été mal informée et ça n’a pas plu. Nous avons rédigé un courrier d’excuse que nous avons déposé dans les boîtes aux lettres aux alentours. Ça nous a permis de rencontrer une dizaine de riverains qui ne semblaient pas avoir été gênés outre-mesure. Avec le festival de cette année, organisé aux petits oignons, nous espérons avoir fait amende honorable et espérons que notre côte de popularité grimpera. A nous de continuer sur cette voie-là. Et, si un projet culturel se développe, alors ce sera aussi l’occasion de montrer aux habitants qu’on est à leur service, notamment au travers d’actions culturelles concrètes et de partenariats locaux

 

Vous entretenez des liens avec d’autres réseaux ?

 

Pas via le Village, en tout cas pas pour le moment. Par contre, le collectif de La Mécanique, lui, est clairement tourné vers le monde extérieur. Il peut y avoir une confusion qui se créée d’ailleurs et il faut sans cesse rappeler que le Village ne s’appelle pas “La Mécanique”

 

Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?

 

Sur le plan personnel, il y a une bonne partie des résidents, déjà fragiles au départ, qui se sont précarisés. La Stroga n’a quasiment pas fonctionné en deux ans et Yann a quitté le Village pour développer d’autres projets. Soizic est également partie. Du côté de la musique, nous sommes tous intermittents et avons continué à gagner nos vies. En ce qui concerne les activités du Village, c’est plus nuancé. Alors que nous pouvions compter sur une cinquantaine d’adhérents usagers avant la crise, l’activité de location de salle s’est un peu cassée la gueule. Cet été, nous avons voulu relancer l’organisation d’événements. Mais nous avons été un peu trop ambitieux. Nous mettions beaucoup d’énergie pour des résultats moyens voire déficitaires. Après l’allocution d’Emmanuel Macron sur l’extension du passe sanitaire, nous avons décidé d’annuler tous les autres événements de l’été et de les regrouper sur un seul et même événement : le Microscop’ Festvial auquel tu as participé le weekend dernier. Ca nous a fait du bien car ça a été une très grande réussite.

 

Comment le collectif a-t-il été impacté ?

 

Ça a été compliqué. Avec les gens qui se sont installés pendant le confinement, nous avons un peu ramé à ramener la notion de collectif au centre du Village. Le départ de Yann, pilier du lieu avec Yannick et moi, a aussi beaucoup déséquilibré l’édifice.

 

Quelle est ta vision des prochains mois ?

 

La plupart des intermittents vont renouveler leur statut. On s’apprête tous à rebondir. En ce qui concerne La Mécanique, 2021 a été notre meilleure année et je suis très optimiste pour le Village. Si on arrive à intégrer le festival dans les activités, qu’on organise la transmission des savoirs, qu’on valide certaines propositions en AG, ça va le faire. On n’a jamais baissé les bras et aujourd’hui, on a l’outil complet ; à nous de le développer.

 

Au final, le covid, crise ou opportunité ?

 

Pour le lieu, c’est clairement une crise ; moins pour La Mécanique. Contrairement au Village, pas structuré pour rentrer dans le giron des aides, la Mécanique a bénéficié d’un très bon soutien. Ça nous a permis de prendre le temps de réfléchir, de faire de nouveaux projets et d’investir les aides dans des projets de création. Alors que les grosses boites de production avaient momentanément fermé, les grosses salles ont ouvert leurs portes – pour des résidences payées notamment – aux petites structures telles que la nôtre.

 

Les tiers-lieux : fragiles ou résilients ?

 

Clairement résilients. Je pense qu’à l’avenir, ces micro-lieux vivront les crises beaucoup moins durement que les grosses structures surfinancées. J’en suis convaincu. J’anime d’ailleurs, au sein de SUPERMAB (espace de coopération musiques actuelles en Bretagne), un groupe de travail sur les micro-lieux de spectacles. Je pense qu’il est temps qu’on prenne véritablement conscience de leur importance et que nous avons intérêt à renforcer ces collectifs car ils représentent l'avenir !

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