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HISTORIQUE

Tout a commencé avec le réseau Grappe, un collectif d’associations étudiantes centrées sur l’écologie sociale et politique. D’un festival militant organisé pendant la semaine de l’environnement est née l’envie de monter un collectif permettant de se réapproprier les modes de vie et de développer des thèmes tels que l’économie en circuit court, l’éducation populaire et la recherche. Sans expérience ni dans l’hôtellerie, ni dans la restauration, le collectif d’associations intègre, à l’opportunité, le Relais Montagnard en mai 2014.

BATIMENT

Localisé à proximité d’une variante du GR10, le Relais est un ancien presbytère. A la fin des années 70 / début des années 80, il a été transformé par la commune en restaurant, bar et gîte d’étape. Depuis leur arrivée, cinq conventions dites « précaires » ont été éditées entre la Mairie, propriétaire du bâtiment, et le collectif de l’Autruche Volante. Ce dernier revendique un bail commercial quand la commune propose de son côté une délégation de service public. Un bras de fer s’est installé et fait craindre la fin de l’aventure pour le collectif.

SERVICES ET USAGES

Le lieu propose plusieurs services et usages :
    • Hébergement de randonneurs (25 lits, en dortoir ou chambre)
    • Bar
    • Restauration
    • Diffusion de concerts et spectacles
    • Epicerie d’appoint
    • Dépôt de pain
    • Activités scientifiques pluridisciplinaires
    • Cantine scolaire
    • Traiteur

GOUVERNANCE

Au départ constitué en association de Loi 1901, l’Autruche Volante s’est transformée en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) en 2020, notamment dans le but de revendiquer un bail commercial. On distingue six catégories de sociétaires : salariés, usagers, artistes/compagnies, fournisseurs, bénévoles et tous les autres. Le conseil coopératif, constitué aujourd’hui de six membres et d’éventuels membres invités, a un rôle de direction ; il est élu tous les deux ans par l’Assemblée Générale. Des collèges de vote – avec voix pondérées – sont constitués et les décisions sont prises à la majorité.

MOYENS

Le collectif emploi environ 6 salariés permanants en contrat court (du fait de la précarité imposée par les conventions avec la Mairie), représentant 5 ETP. En période d’activités, jusqu’à 13 salariés peuvent se côtoyer au Relais. Le collectif a également recours à des services civiques et des woofers. Depuis l’installation en 2014, le chiffre d’affaires est en pleine croissance : de 56 000 euros à 250 000 euros en 2020. Les ressources sont éclatées entre contrats aidés, subventions publiques (aides directes à la culture, subventions d’investissement), recettes propres (l’hôtel, bar, restauration, concerts, festival) et apports des sociétaires (plutôt marginal).

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Le Relais Montagnard
6-10 août 2021

Le Relais Montagnard est une auberge gérée par le collectif de l’Autruche Volante, une Société Civile d’Intérêt Collectif (SCIC). Localisé en Ariège, dans le petit village de Bonac-Irazein, il constitue notamment une étape pour les randonneurs qui y trouvent le gite, le couvert ainsi qu’une épicerie d’appoint et un dépôt de pain. Le Relais diffuse également de nombreux concerts et spectacles de qualité avec, en point culminant, le festival Bonac-Plage début août. Mais ce qui fait la particularité de cette auberge, c’est qu’elle y concentre également des activités scientifiques interdisciplinaires mêlant sciences sociales et environnementales. Un lieu à part où j’ai pris un grand plaisir à séjourner !

RENCONTRE AVEC... 

Sylvain

Raconte-nous l’histoire du Relais, quelles étaient vos motivations collectives ?

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L’idée a germé via la rencontre de plusieurs associations étudiantes centrées sur l’écologie sociale et politique. Associées dans l’organisation d’un festival plutôt militant , elles défendaient l’importance de se réapproprier les modes de vies et les formes d’organisation. Développer l’économie en circuit-court, l’éducation populaire et la recherche interdisciplinaire étaient également des thèmes que partageaient ces associations. L’auberge a été une opportunité de nous tester en conditions réelles.

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Qu’est-ce qu’on trouve au Relais ?

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Situé sur une variante du GR10, le Relais Montagnard est un lieu d’accueil de randonneurs depuis de nombreuses années. Ils y trouvent le gite et le couvert ainsi qu’une épicerie d’appoint et un dépôt de pain (en juillet-août uniquement). Depuis quelques années, nous sommes également responsables de la cantine de la dernière école de la vallée, même si les conditions d’attribution sont devenues particulièrement précaires. En plus du restaurant et de la cantine, nous avons une petite activité de traiteur, pour le moment limitée à quelques séminaires de chercheurs et événements culturels ou festifs. 

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Mais le Relais présente aussi quelques particularités ?

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Nous avons effectivement fortement développé l’activité culturelle et sommes désormais reconnus comme un lieu de diffusion de concerts et de spectacles. Aujourd’hui, nous proposons l’équivalent de cinquante événements culturels par an ;  jusqu’à deux fois par semaine pendant la grosse période d’activité, sans compter le festival Bonac-Plage début août. Du fait de la qualité que nous proposons, nous avons d’ailleurs dû nous professionnaliser et recruter une personne chargée de la paye des artistes. Ce qui fait aussi la particularité du Relais – et c’est le fait du collectif de départ –, c’est que nous développons des activités scientifiques. Des séminaires réunissent notamment deux promotions – Master 2 Ecologie à Montpellier et Master 1 Anthropologie à Nanterre – dans l’optique de faire le lien entre sciences sociales et environnementales. Enfin, il y a une dimension institutionnelle et politique dans le sens où le collectif participe régulièrement aux conseils municipaux.

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Comment le Relais est-il perçu localement ?

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Le village compte une vingtaine d’habitants. Il y a ici un vrai rapport à la terre et au patrimoine. Et de manière générale, personne n’est indifférent au Relais. Nous avons eu une plainte en 2019 pour troubles de voisinage mais elle n’a pas abouti. Dans le cadre d’une médiation en justice, il a néanmoins été décidé de délocaliser une partie des activités culturelle en dehors du centre-bourg, dans un champ à proximité. La première soirée sous le chapiteau, en juin 2020, a fait venir 450 personnes ! Pendant l’été, six nouvelles plaintes ont été déposées, toutes classées sans suites. Et en septembre, nous avons dû faire face à un méga contrôle de gendarmerie. Ça n’a jamais été simple… A l’automne 2020, nous avons dû nous résigner à signer un contrat encore plus précaire que les précédents. Alors que nous revendiquons un bail commercial garantissant l’indépendance et la pérennité de nos activités, la Mairie nous oppose une délégation de service public. Bref, les choses sont vraiment compliquées et nous craignons sincèrement que nous ne puissions continuer à faire vivre le lieu au-delà d’octobre 2021…

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Votre vision a-t-elle évolué depuis l’installation ? Quels sont les écarts avec le projet initial ?

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Tout à fait, en particulier lié à la nécessité de nous professionnaliser. Au départ, nous n’osions pas parler d’argent et entretenions une illusion de démocratie radicale. Il y eu des avis contraires, des différences d’appréciation du projet. Nous étions un certain nombre à vouloir offrir un service de qualité. Or, cette exigence va de pair avec une certaine forme de professionnalisation, de gestion de l’argent, de définition d’un modèle véritablement entrepreneurial (au sens noble du terme). Personnellement, ça ne me choque pas de mobiliser de l’argent public dès lors que ce que nous proposons va dans le sens de l’intérêt collectif.

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Vous avez d’ailleurs décidé de changer de statut ?

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Ça fait partie de la professionnalisation de la structure. Nous sommes passés du statut associatif à celui de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). C’est beaucoup plus lourd que le système associatif. Le statut laisse peu de place à l’improvisation, les coûts administratifs sont délirants, il y a beaucoup plus de règles mais il y aussi des avantages fiscaux évidents. Enfin, c’est aussi notre porte d’entrée nous permettant d’obtenir un bail commercial.

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Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?

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Globalement, ce n’est pas ça qui nous a le plus impacté. Nous avons été contraints de fermer dans des périodes où nous ne recevons en général peu voire pas de public et avons ouvert dans des périodes de fortes affluences. Economiquement, nous nous y sommes retrouvés. En termes d’organisation, ça a été un peu plus compliqué, notamment pour la programmation. De nombreux artistes n’étaient plus disponibles et il a fallu boucher les trous dans un temps records. Pour les mois à venir, les risques liés à l’organisation des événements culturels sont a priori anticipés.

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Comment le collectif a-t-il été impacté ?

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L’impact sur le collectif a été terrible par contre. La veille du premier confinement, nous avions recruté un salarié et trois services civiques. Presque tous ont décidé de partir et nous n’avons pas pu recruter avant juin quand nous avons pu rouvrir. Ça cumulé à la première saison du chapiteau et les problèmes avec la Mairie, l’équipe a explosé et des conflits internes sont apparus. Ça a été dur, vraiment dur. Pour éviter que ça arrive à nouveau, nous avons dû faire beaucoup plus de temps de présence et mis en place des rendez-vous obligatoires. En d’autres termes, nous avons artificialisé le quotidien. Aujourd’hui, l’équipe va bien.

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Au final, le covid, crise ou opportunité ?

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La crise sanitaire c’est conjoncturel mais je ne minimiserai pas son impact, surtout sur le collectif. Par contre, les problèmes avec la commune sont structurels et nous avons clairement besoin de nous en émanciper. Au final, je ne crois pas à une inertie des comportements. Les gens ont faim de spectacles. Et dans les montagnes, il y a quand même une culture de la résistance qui fait que, quelques soient les contraintes, la vie culturelle se maintiendra.

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Les tiers-lieux : fragiles ou résilients ?

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Plutôt résilient en ce qui nous concerne. Pour autant, sans les fonds de l’Etat, ça reste fragile. On peut évidemment dire que ce n'est pas assez, ni de la bonne manière, mais il y a quand même encore un peu d'argent public qui peut servir des initiatives.
 

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