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HISTORIQUE

Au départ, des questionnements liés aux technologies et à la manière dont elles impactent nos modes de vie : fracture numérique, lien social de plus en plus distendu, etc. Une idée de magazine – Le meilleur des mondes est possible – est fomentée permettant de mettre en lumière les lieux – comme les tiers-lieux – qui détournent les technologies pour le bien commun. Finalement, en 2013, une association – La Smalah – est créée comme outil d’animation de vie locale. En 2014, un terrain – le futur Hangar – est acheté dans l’objectif de monter un tiers-lieu répondant à des besoins d’éducation populaire mais aussi de développement social, écologique et culturel.

BATIMENT

Les activités de l’association sont réparties dans trois bâtiments différents. Au départ prévu comme lieu de vie, le Hangar a été construit sur fonds privés, presque entièrement en Pin des Landes. Finalement, le café associatif ouvrira ses portes en 2017 en bordure de Saint-Julien-en-Born, dans un petit local loué par l’association. Le Hangar terminé, il héberge des activités de formation, quelques bureaux ainsi que des locaux à destination d’artisans (luthier, textile, shape de surfs). Fin 2019, un nouveau local, situé au sein du Grenier de Mezos – une énorme recyclerie – est loué par l’association lui permettant de développer des activités de création d’outils mais aussi de réflexion et de sensibilisation autour de l’économie circulaire. Enfin, en 2021, le café associatif est délocalisé dans un bâtiment du centre-ville loué à un tiers, donnant à l’association une visibilité supplémentaire.

SERVICES ET USAGES

Le lieu propose plusieurs services et usages, répartis en quatre pôles :


Vie sociale – La Grange

  • Café associatif

  • Ateliers gratuits

  • Soirées spectacles / concerts

  • Veille numérique

 

Atelier

  • Activités de réflexion, de prototypage sur la mobilité

  • Sensibilisation autour de l’économie circulaire

  • Accompagnement vers l’autonomie d’agriculteurs ou de maraichers

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Territoires communs – Le Hangar

  • Séjour de remobilisation (bivouac)

  • Formation / professionnalisation

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Hors-les-murs

  • Education aux médias

  • Accompagnement à la création d’activités

GOUVERNANCE

La Smalah est une association de Loi 1901 créée en 2013 qui compte près de 700 adhérents depuis sa création. Elle est dotée d’un Conseil d’Administration composé de 7 membres. Un bureau permet de faire le lien entre le CA et les salariés. Un cercle de direction composé de représentants de toutes les activités de l’association a été récemment institué. De ce cercle, deux personnes élues siègent au CA. La possibilité d’évoluer en SCOP est discutée, le statut associatif étant de moins en moins adapté aux réalités de l’activité.

MOYENS

Jusqu’en 2017, l’association était entièrement bénévole. Lors de l’ouverture du café, une allocation de réserve parlementaire, des subventions de la Région (tiers-lieux) et de la CAF (dans le cadre de l’agrément de vie sociale) ont permis d’amorcer les premières activités. Le modèle économique permet de flécher les subventions publiques vers les activités les moins rentables. Les recettes du café ainsi que les prestations viennent équilibrer le budget, dont le prévisionnel en 2021 est estimé aux alentours de 500 000 euros. Du fait de l’ampleur récente de l’activité formation, près de 70% des financements proviennent de subventions publiques (18% recettes propres, 12% fondations). Aujourd’hui, l’association emploie dix salariés, dont deux temporaires. Elle peut également compter sur une quarantaine de bénévoles actifs. 

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La Smalah
16-17 août 2021

La Smalah est un collectif multiforme géré par l’association du même nom créée en 2013. Au départ, un magazine abordant des questionnements liés à l’innovation et la manière dont ça impacte nos modes de vie. Et puis finalement un tiers-lieu, basé dans les Landes et aujourd’hui construit autour de trois pôles. La Grange avec son café est l’espace de vie sociale où se déroulent les ateliers, les concerts et les spectacles. Le Hangar est l’espace de formation où des jeunes éloignés de l’emploi sont accueillis en formation longue comme en séjour de remobilisation. Enfin l’Atelier héberge des activités de création d’outils mais aussi de réflexion et de sensibilisation autour de l’économie circulaire. Hors les murs, l’association intervient aussi dans l’éducation aux médias et accompagne des projets de territoire dans le champ de l’Economie Sociale et Solidaire. Il règne une saine ambiance de travail à La Smalah et pourtant, on s’y sent un peu comme à la maison.

ENTRETIENS CROISES AVEC...

Vincent, Ludo, Alban, Anne, Paco et Benjamin

Raconte-nous les débuts de la Smalah

 

Vincent. Je travaillais avec Guillaume sur un projet avec Arte – Le meilleur des mondes est possible. On voulait mettre en lumière les lieux qui détournaient les technologies pour les mettre au service du bien commun. On avait alors organisé une tournée des tiers-lieux et c’est là que l’idée est venue. Au départ, on avait envisagé d’animer des espaces de coworking. Mais c’est compliqué à gérer et on avait plutôt envie d’être sur de l’éducation populaire, du développement social, écologique et culturel. On s’était aussi dit que le lieu que nous venions d’acheter – Le Hangar – ferait tout : café, fablab, etc. Puis finalement, grâce à des aides de la Région, on s’est très vite lancés hors-les-murs. En 2017, la Mairie nous propose de monter un café et en 2018, les premières formations de médiateur numérique sont organisées à destination de jeunes éloignés de l’emploi. En 2018, le Hangar fini, les activités de formation y sont délocalisées ainsi que quelques bureaux et ateliers d’artisans.

 

Comment êtes-vous arrivés à La Smalah ?

 

Ludo. J’ai rencontré Guillaume et Vincent à Paris dans le cadre du projet qu’ils avaient avec Arte. Sur le fond, le projet nous intéressait beaucoup et avec mon associé (web documentaire), on a commencé à s’y investir. Quand le projet de tiers-lieux a émergé, on a rejoint l’initiative ; en tant que prestataire pour l’association (formations, support informatique, etc.) mais aussi en tant que bénévole avec des permanences au café. Après 7 ans en tant qu’indépendant, je suis devenu salarié de la Smalah en septembre 2020. Vincent a relancé l’activité formation et nous avons réussi à obtenir des financements sur trois ans.

 

Alban. Je travaillais dans une grosse boite de business à Bruxelles. Mais c’est dur de s’impliquer en Belgique, surtout quand tu n’es pas Belge. Et surtout, je voulais me rapprocher de l’océan. Via Facebook, je suis retombé sur une amie d’enfance qui m’a mis en contact avec La Smalah. Au départ, Guillaume, avec qui j’étais en contact, pensait m’orienter vers le Coopérative Tiers-Lieux de Nouvelle Aquitaine. Puis finalement, j’ai démarré une mission d’accompagnement au Grenier de Mezos avec lequel mon poste avait été mutualisé. A La Smalah, j’ai ensuite été chargé de la gestion du projet alimentaire de territoire. Aujourd’hui, je fais principalement de la gestion interne tant les besoins grossissent. J’ai quasiment un rôle de directeur administratif et financier. En parallèle, j’accompagne des porteurs de projets de territoire, principalement dans l’économie sociale et solidaire.

 

Anne. Je suis arrivée par le Grenier de Mezos, il y a 5 ou 6 ans. J’ai rencontré Alban et je me suis proposée comme ergonome, ma formation initiale, avec l’idée d’adapter le travail aux hommes. J’ai d’abord été consultante puis bénévole au travers de l’organisation de permanences au café. Aujourd’hui, je suis membre du CA.

 

Paco. Je suis arrivé ici un peu par hasard. Je n’étais clairement pas destiné à évoluer dans un tiers-lieu. Plus jeune, j’étais fâché avec l’école et j’ai ensuite enchainé divers petits boulots. Lorsque j’ai intégré la formation de la Smalah pour devenir médiateur numérique, c’est dans l’idée de travailler pour des gros groupes, comme Google. Je voulais faire de l’oseille. La formation a été un déclic ; construite sur des bases d’éducation populaire, l’enseignement était tout sauf vertical. Après un mois de stage à La Smalah, je suis resté et j’ai créé, avec l’appui des autres, mon poste actuel. Aujourd’hui, j’interviens un peu partout, dans les collèges, les lycées, les prisons aussi, pour faire de sensibilisation au numérique. Je forme également des professionnels, qu’ils soient ouvriers, artisans ou même acteurs publiques. Enfin, j’organise des permanences numériques à destination de tous.

 

Benjamin. J’étais en stage à l’atelier. Je suis arrivé quasiment au moment où le local a été investi par La Smalah, en janvier 2020. Avec la crise sanitaire, ma convention de stage a été mise en pause mais je suis resté dans le coin. Au plus fort de la crise, nous avons réussi à produire 1000 visières. Aujourd’hui, mon poste, créé sur mesure, c’est de coordonner le lieu et d’animer les partenariats autour de l’Atelier. Pour la suite, j’envisage de faire une thèse sur les tiers-lieux et l’auto-construction d’outils comme vecteur de la territorialisation de l’agriculture. Le projet a été accepté par mon labo et trois chercheurs sont susceptibles de m’accompagner. Nous attendons juste les financements pour démarrer.

 

Qu’est-ce qui vous anime en travaillant ici ?

 

Ludo. J’aime les aventures collectives et ce type d’espace. Ça a du sens pour moi ; tout l’inverse d’aller faire du code dans les grosses boites. On n’est pas des ayatollahs de gauche radicale. Iici, on peut parler business ou pognon et en même temps, on déteste l’esprit start-upper ! Tous les projets que nous développons sont pour le village, tournés vers le lien avec les autres. Pour autant, je me rends compte qu’il faut être très patient pour faire adhérer les habitants au projet.

 

Anne. J’aime ce type de lieux qui permettent les rencontres, notamment entre néo-ruraux et habitants. Aussi, j’aime la gouvernance sociocratique qui commence progressivement à s’installer à La Smalah. Un système de fonctionnement horizontal, par cercles et chacun s’y retrouve bien.

 

Paco. Je trouve chouette d’avoir été formé sur le territoire et de mettre mes nouvelles compétences au service du territoire. J’aime aussi l’idée d’avoir un poste à tiroirs où je peux m’organiser à ma façon. De manière générale, j’ai la sensation de vivre une histoire humaine faite de liens plus qu’une histoire professionnelle et je suis aussi porté par la vision des fondateurs. Enfin, j’ai un bon contact avec les personnes âgées à qui je propose des permanences.

 

Benjamin. J’aime l’idée que, dans ce type de lieux, on puisse à la fois faire du développement, du faire mais aussi de l’expérimentation, comme ça devrait être le cas avec ma thèse. J’aime aussi l’idée de m’inscrire dans un projet de territoire qui permette de relocaliser les moyens de production.

  

Comment La Smalah est-elle perçue localement ?

 

Vincent. On a toujours eu un soutien politique et humain de la part de la Mairie.

 

Alban. Plus tu t’éloignes de Saint-Julien-en-Born, plus tu as la côte. Le Maire nous soutient beaucoup mais pour de nombreux habitants encore, on reste des Parisiens venus pour faire la fête. Il faut dire que nous avions démarré avec le café et pas mal d’événements festifs, ce qui nous a pas mal desservis au début. Puis nous avons un modèle hybride, avec pas mal de subventions, qui pose de nombreuses questions. Ce n’est pas un fonctionnement habituel par ici et il faut sans cesse revenir sur les retombées locales que nos activités génèrent.

 

Vous entretenez des liens avec d’autres réseaux ?

 

Alban. On est très proche de la Coopérative Tiers-Lieux de Nouvelle-Aquitaine. On participe à la vie de la Coopérative et la Coopérative participe à la vie de la Smalah. On intervient aussi dans le réseau PLOUCS, une structure landaise de l’ESS, notamment via l’accompagnement de projets de territoire. Il y a une tentative de construction d’un réseau landais de tiers-lieux mais ça ne prend pas vraiment. Le niveau de maturité de chaque lieu est différent, les activités sont différentes et surtout nous avons tous la tête dans le guidon et avons du mal à déployer de l’énergie pour nous mettre en réseau.

 

Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?

 

Alban. Ça a été un gros coup porté à l’activité. Heureusement, nous bénéficions de l’agrément de vie sociale de la CAF, ce qui nous permet de maintenir les ateliers. Seul le bar est véritablement fermé car nous ne voulons pas imposer le passe sanitaire. En tout cas, nous avons, pendant cette période, eu à cœur de monter l’utilité sociale de notre activité, notamment en produisant et en livrant un millier de visières dans la commune. En termes économiques, les financeurs ont maintenu leurs financements ce qui fait que nous ne sommes pas en péril aujourd’hui. Le collectif, lui, a été durement impacté. On a essayé de garder le lien mais ce n’était pas évident. Le manque d’activités a clairement pesé.

 

Anne. Le nouveau café a ouvert en juillet de cette année. Ça fonctionnait vraiment bien mais avec les dernières annonces, nous avons décidé de fermer le bar (les ateliers sont par contre maintenus). Contrôler le passe sanitaire aurait été à l’encontre de nos principes et nous aurions été amenés à exclure certains adhérents. Aussi, le repas du marché a disparu et c’est bien dommage car cela permettait de resserrer les liens entre les bénévoles et de les créer avec d’autres associations.

 

Quelle est ta vision des prochains mois ?

 

Ludo. Clairement optimiste ! Depuis un an, nous avons réussi à mobiliser des financements pour trois ans sur l’ensemble des postes. On est confiant aussi parce que nous avons réussi à professionnaliser pas mal de branches de l’association. Plus ça va, plus on est reconnu. Après, on ne cherche pas essayer de faire survivre l’association ou à pérenniser nos postes à tout prix avec des subventions. L’idée que nous devons garder en tête, c’est de faire vivre le territoire. Si, un jour, La Smalah doit fermer, elle fermera.

 

Alban. Une vision plutôt optimiste. Nous sommes dans une bonne phase, nous avons une bonne équipe et les projets en cours sont excitants. Nous avons bien travaillé pour nous structurer, que ce soit au niveau de la gouvernance, de la gestion interne, des outils de collaboration. Nous sommes sur les starting-blocks et d’une certaine manière on a déjà commencé la course.

 

Anne. La vision est très floue, c’est vraiment difficile de se projeter. La difficulté c’est d’arriver à mobiliser les bénévoles dans le flou artistique imposé par la règlementation. Nous avons perdu pas mal d’énergie bénévole entre chaque confinement. Certains ont perdu l’habitude de venir même si on ressent que ça reprend un peu.

 

Benjamin. La vision est un peu floue, notamment sur les financements liés à ma thèse. Mais globalement, je suis optimiste. Si nous obtenons les subventions, ça va être énorme !

 

Au final, le covid, crise ou opportunité ?

 

Alban. Une crise quand même. Il y aura clairement un avant et un après pour la société. En ce qui concerne le lieu, je dirais plutôt une opportunité parce que les gens de La Smalah sont ce qu’ils sont, intelligents et résilients.

 

Les tiers-lieux : fragiles ou résilients ?


Benjamin. Cette crise montre tout l’intérêt des lieux comme l’Atelier. Que ce soit du point de vue des tarifs, de l’autonomie technique, de la co-construction locale d’outils, de la réactivité aussi. La crise aura, je pense, clairement révélé notre intérêt.

 

Alban. Plutôt fragiles dans l’absolu. Les emplois sont précaires, les baux sont précaires, l’occupation est précaire. Je remarque par ailleurs qu’on transfère de plus en plus d’activités de services publics sur les tiers lieux et cela a eu tendance à s’accentuer avec la crise. Personnellement, je ne vois pas ça d’un bon œil. Je crois au service public ; il faut les renforcer, pas les démanteler. Les associations doivent venir en complémentarité, pas à leur place.

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