HISTORIQUE
Au départ, la Compagnie Idéosphère cherche un lieu de stockage et de construction de ses éléments de décor. En octobre 2017, 250 personnes viennent découvrir le lieu à l’occasion de la première inauguration. C’est le point de départ du tiers-lieu. L’intérêt des habitants a convaincu le collectif de développer un véritable projet de lieu d’échange, de production et de rencontres accueillant non seulement des activités économiques et sociales mais aussi artistiques. En juillet 2018, l’association Les Fabrigands voyait le jour. Très vite, un marché des producteurs est organisé le vendredi. Le bar associatif sera monté rapidement après.
BATIMENT
La FabriK est installée dans un ancien bâtiment industriel, à Château-Bourdin, une commune de Saint-Pardoux-Soutiers, dans les Deux-Sèvres. La propriété comporte un bâtiment de 1 100 m² et un terrain de 5 000 m². Pour l’acquérir, une SCI a été créée. Une grande partie des travaux a été réalisée via des chantiers participatifs qui ont réuni de nombreux bénévoles.
SERVICES ET USAGES
Le lieu propose plusieurs services et usages :
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Marché des producteurs
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Bar associatif
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Restauration légère
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Espaces de coworking
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Ateliers partagés (bois, métal, couture, impression, numérique découpe-laser, imprimante 3D)
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Animations et événements culturels (dont un festival annuel)
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Accueil de résidences artistiques
GOUVERNANCE
Les Fabrigands est une association de Loi 1901 créée en 2018 qui compte environ une petite centaine de membres, dont une quarantaine de membres actifs (participant activement à la vie de l’association). Elle est dotée d’un conseil d’administration de 19 membres, dont nombreux sont des habitants du village. Le bureau est composé de 6 coprésidents. Chez Les Fabrigands, toutes les décisions sont prises au consensus ; il n’y a pas de quorum. Pour faciliter la coordination des activités, l’association a mis en place un système de commissions par thèmes d’activités (14 au total). Dans chaque commission, un ou une référente fait régulièrement le lien avec les membres du bureau, du CA ou avec les autres commissions. La Compagnie Idéosphère coordonne les activités culturelles et artistiques.
MOYENS
Depuis juillet 2020, l’association emploie un responsable administratif et financier à mi-temps, la plupart du temps en télétravail (il est dans les locaux un jour par semaine). Les Fabrigands envisagent de salarier dès septembre un facilitateur (à mi-temps pour commencer) pour aider à la coordination des activités. Le collectif a également bénéficié du regard d'une personne qui suivait la formation « Piloter un tiers-lieu », organisée par la Compagnie des Tiers-Lieux dans les Hauts de France. En termes de moyens financiers, le budget prévisionnel de l’association est passé de 65 000 euros en 2020 à 80 000 euros en 2021. Environ, 20% des recettes sont issues de fonds propres (le bar principalement mais aussi les revenus issus de la location d’espaces et du festival). En phase de démarrage, et avec l’aide de la Coopérative des Tiers-Lieux de Nouvelle-Aquitaine, Les Fabrigands sont parvenus à mobiliser d’importantes subventions publiques. D’abord au travers de l’AMI régional sur les tiers-lieux, bouclé fin 2019, mais aussi via l’association BoGaJe, créée pour répartir des fonds publics issus de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU).
La FabriK
21 août 2021
La FabriK est un tiers-lieu situé dans le village de Château-Bourdin, à Saint-Pardoux-Soutiers, dans les Deux Sèvres. Au départ, la Compagnie Idéosphère recherche un lieu d’assemblage et de stockage de ses décors. Mais l’intérêt marqué des habitants fait rapidement naître une nouvelle association – Les Fabrigands – en 2018. Accompagné par la Coopérative des Tiers Lieux de Nouvelle Aquitaine, le collectif construit sur des bases saines son projet de développement et très vite, le marché des producteurs puis le bar associatif sont organisés. Depuis, de nouvelles activités ont été initiées, telles que les ateliers partagés (bois, métal et couture notamment), l’organisation d’événements culturels, l’accueil de résidences d’artistes et le coworking. A la FabriK, on mélange les genres et les gens depuis le début et ça prend ! Encore une histoire très inspirante. Promis, je reviendrai et, cette fois, j’espère pouvoir animer en concert le marché du vendredi soir.
RENCONTRE AVEC...
Claude, administrateur
Comment en êtes-vous venus à créer ce lieu hybride ?
C’est l’intérêt des habitants qui nous a convaincu d’aller au-delà de notre projet initial. Quand on a vu leur engouement autour du bâtiment, on s’est dit qu’il fallait absolument développer un projet de lieu hybride, mêlant espaces de production, de partage et de rencontres. Et on voulait que le village soit pleinement partie prenante. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui le CA compte 19 personnes, dont quasiment tous sont des actifs. On a un maraîcher, une commerçante, divers employés et seulement deux retraités, ma femme et moi-même. Chez les Fabrigands, on aime bien mélanger les gens !
Concrètement, comment s’est passée la préparation du projet ?
Parce qu’on voulait vraiment faire les choses dans le bon ordre, nous avons rapidement pris contact avec la Coopérative des Tiers-Lieux de Nouvelle-Aquitaine. Au travers d’un agrément, nous avons ainsi bénéficié d’un dispositif d’accompagnement personnalisé – la Grande Échelle – dédié aux tiers-lieux de la Région. Le dispositif permet notamment de solliciter l’appui d’un prestataire de notre choix. Dans notre cas, nous avons choisi de faire appel au fondateur des Usines à Poitiers. Son aide dans la structuration de notre projet a été fondamentale. Fin 2019, le projet est retenu dans le cadre de l’Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) dédié aux tiers-lieux de la Région. Dans le même temps, nous sommes également parvenus à mobiliser des financements de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), au travers du dispositif BoGaJe, que nous avons intégré. Nous avions un plan de financement solide, sur trois ans, qui nous a permis de nous projeter, tant dans le fonctionnement que dans l’aménagement intérieur, l’équipement mais aussi le gros œuvre.
Qu’est-ce qu’on trouve à la FabriK ?
Pour commencer, nous n’avons pas attendu de percevoir des financements pour développer les premières activités. Rapidement, nous avons mis en place le marché des producteurs tous les vendredis. L’ouverture du bar associatif sous l’espace extérieur a suivi peu après. C’est un lieu de rencontre important, dont émergent parfois des projets extérieurs à La FabriK. On a commencé à organiser des petits événements festifs, pendant l’été essentiellement puis un festival à l’automne. Les groupes sont en grande majorité des professionnels que nous accueillons de manière professionnelle avec des moyens professionnels. Il n’y a pas de culture "au rabais" à La FabriK !
Que trouve-t-on d’autres ?
En parallèle, la Compagnie Idéosphère a soutenu la création d'une salle d’environ 100 m², pouvant accueillir des résidences artistiques. Aujourd’hui, on trouve aussi des ateliers partagés bois, métal, impression et découpeuse laser ainsi que des espaces dédiés au coworking, à la construction de décors de spectacle ou simplement au stockage de matériel. Ces espaces sont loués par des résidents qui, la plupart, ont un statut de micro-entreprise. C’est notamment le cas d’Aurélie et Pierre-Olivier avec leur activité de construction de yourtes. L’idée, c’est que l’activité de location – des entrées fixes – paye les charges fixes.
Comment la FabriK est-elle perçue localement ?
Comme je le disais, il y a une véritable adhésion de la part des habitants. Beaucoup sont membres actifs, près de la moitié du CA habite d’ailleurs dans la rue. Il y a même des personnes qui sont venues s’installer dans le coin pour venir travailler à La Fabrik. De ce côté-là donc, ça ne s’étiole pas. Le rapport avec les élus locaux, c’est différent. La Commune de Saint-Pardoux n’a jamais véritablement soutenu le développement de La FabriK. Il y a une sorte de double-langage et nous avons même rencontré quelques différends. Aujourd’hui, notre posture c’est de parvenir à trouver avec eux des points de synergies pour l’avenir ; nous espérons d’ailleurs obtenir un rendez-vous dans les semaines à venir pour clarifier tout cela.
Vous entretenez des liens avec d’autres réseaux ?
Avec la Coopérative des Tiers-Lieux de Nouvelle-Aquitaine évidemment ! De notre initiative, nous avons aussi récemment organisé une tournée des tiers-lieux du Département et de la Région. C’est important pour nous de faire du lien et de nous inscrire dans un réseau. En parlant de réseau, il y a d’ailleurs une volonté d’en faire émerger un au travers du dispositif BoGaJe et avec les autres lieux qui ont bénéficié des financements de l’ANRU.
Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?
Les activités du bar ont évidemment été impactées même si l’affluence pendant les périodes de déconfinement a permis de limiter les dégâts. On pourrait presque parler d’explosion et c’est aussi à ce moment qu’on s’est rendu compte qu’on répondait à un vrai besoin. Les ateliers partagés ont également été impactés mais de manière marginale. En ce qui concerne la location d’espaces, rien n’a changé. Seules quelques résidences ont été annulées ; certains artistes ont, d’une certaine manière, un peu baissé la garde sur le développement de leur projet artistique. Le festival a été maintenu en 2020 et le marché a toujours eu lieu, avec les précautions d’usage. Depuis les annonces du Président en juillet, nous avons décidé de suspendre le bar. On ne pratique pas la ségrégation à La FabriK.
Comment le collectif a-t-il été impacté ?
Il y a eu une forme de solidarité sur le plan humain. On n’en était pas arrivés jusque-là pour baisser les bras. Bien sûr, la motivation de certains membres a été un peu étiolée, du fait du flou imposé par les périodes successives de confinement et de restriction. En tout cas, nous avons maintenu la communication interne et ça a permis de maintenir un bon esprit dans l’équipe.
Quelle est ta vision des prochains mois ?
Elle n’est pas forcément optimiste. On constate déjà une baisse importante de l’affluence les jours de marché. Par contre, et comme je l’ai déjà dit, on constate aussi que dès qu’on réouvre le bar, les gens se ruent à la FabriK. Il faut parvenir à mobiliser en dehors de ces moments et c’est là le principal enjeu je pense.
Au final, le covid, crise ou opportunité ?
Plutôt une crise, c'est à dire un mauvais moment à passer. Pour autant, nous n’aurions pas développé si vite le projet de formation sans la crise sanitaire. Le secteur de la Culture étant incertain, nous nous sommes dits que c’était le bon moment. Nous avons rédigé un dossier en réponse à l’AMI national Fabriques de territoire et nous venons d'apprendre que nous avons été retenus.
Les tiers-lieux : fragiles ou résilients ?
Résilients parce que les collectifs sont résilients !