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HISTORIQUE

Au départ, l’envie de créer dans le village d’Aurignac un lieu convivial de rencontres et de partage, mêlant tous les milieux et toutes les générations. L’idée germe dans la tête des fondateurs. En 2011, Emilie imagine créer un café en République Tchèque, où elle dirige une petite Alliance Française. En parallèle, quelques amis d’enfance pensent à monter un café associatif à Aurignac mais leurs emplois respectifs ne leur permettent pas de dégager suffisamment de temps. Finalement, Emilie revient au pays, un petit groupe informel de personnes motivées et de compétences diverses s’organise et moins d’un an plus tard, La Cafetière ouvre ses portes.

BATIMENT

Au départ imaginé au Café de la Poste qu’un ami d’Emilie venait de racheter, l’association a finalement trouvé refuge dans un ancien local d’assurance, en plein centre-ville.  Entre temps, la municipalité a engagé des travaux de rénovation de la rue. Le petit quartier autour de La Cafetière fait peau neuve, les planètes s’alignent. Des travaux s’engagent et en juin 2020, l’agencement du rez-de-chaussée est achevé. Le collectif récupère le garage pour en faire un atelier de réparation de vélos à l'automne. Dans les mois à venir, les deux étages seront également loués par l’association avec l’idée d’en faire des espaces de coworking et de réunions. Un bail précaire est signé jusqu’en février 2022 avant d’envisager un bail commercial.

SERVICES ET USAGES

Le lieu propose plusieurs services et usages :

  • Atelier de réparation de vélos

  • Restauration légère

  • Café

  • Concerts

  • Librairie en dépôt-vente

  • Coworking

  • Location de salles

  • Ateliers participatifs

  • Coin enfants

GOUVERNANCE

La Cafetière est une association de Loi 1901 créée en 2020 qui compte environ 70 membres. Elle est dotée d’un Conseil d’Administration composé de 7 membres, dont les 5 membres fondateurs. Il n’y a pas de bureau. 

MOYENS

L’association emploie deux personnes en contrat court : Noémie pour aider au service et à l’accueil pendant l’été et Céline à mi-temps pendant six mois, à la cuisine. La Cafetière accueille également deux personnes en service civique et peut compter sur une trentaine de bénévoles actifs. Emilie coordonne l’activité au travers de son auto-entreprise. Le premier prévisionnel avait été établi autour de 45 000 euros. En 2021, et malgré la crise, le budget a été réévalué à 100 000 euros. En 2020, 75% des recettes sont issues des activités du café. Pour compléter le budget, l’association a recours à quelques subventions publiques, notamment le département de la Haute-Garonne au travers de sa politique de développement des tiers-lieux.

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La Cafetière 
12 août 2021

La Cafetière est un tiers-lieu situé au centre d’Aurignac, en Haute-Garonne. Imaginé par un groupe d’amis, le café a ouvert ses portes la première fois après le premier confinement. Malgré la situation sanitaire, le collectif, sur les starting-blocks, parvient à sortir son épingle du jeu et le premier été rencontre un grand succès. Restauration légère, café, concerts, librairie en dépôt-vente, co-working, location de salles, ateliers participatifs, etc., la Cafetière est un lieu convivial ouvert à tous, un espace de rencontres où se côtoient toutes les générations, une histoire inspirante indubitablement. Aujourd’hui, le café a momentanément fermé ses portes. Pour autant, personne n’est inquiet, le café fait déjà partie du paysage et les nombreuses sont les bonnes volontés à le porter. Longue vie à La Cafetière !

RENCONTRE AVEC... 

Emilie et Cécile, co-fondatrices 

Racontez-moi l’histoire de La Cafetière 

 

Cécile. Parmi les cinq personnes à l’origine de La Cafetière, quatre sont originaires du village. Il y a toujours plus ou moins eu des cafés ou des bars mais pas forcément ouverts à la journée ou alors qui ne correspondaient pas à ce qu’on attendait. C’est-à-dire un lieu convivial de rencontres et de partage. C’est là que nous nous sommes dits : « On a qu’à le faire nous ! ».

 

Emilie. Depuis une douzaine d’années, je travaillais à l’étranger pour le compte de l’Alliance Française. Je gérais des projets linguistiques et dirigeais en particulier une petite Alliance en République Tchèque. C’est là que l’idée m’est venue. Alors que les élèves des cours de langues arrivaient et repartaient, on a eu l’idée de monter des « cafés linguistiques », par groupe de langue. Plus tard, on a imaginé de monter un vrai café là-bas avec des amis français mais l’idée n’est pas allée au bout. En parallèle, je revenais au moins une fois par an à Aurignac, pour la fête du village. Christophe et Cécile voulaient monter un café associatif mais leurs boulots respectifs ne leur permettaient pas de dégager suffisamment de temps pour un tel projet. Après la République Tchèque, j’ai passé un an en Belgique et c’est là où j’ai eu le déclic : fini le salariat, j’étais arrivé au bout d’un cycle. Pendant cette année-là, je suis très souvent revenue au village et j’ai finalement accepté de porter le projet à la condition de pouvoir en vivre. Un petit groupe de neuf personnes présentant une palette de compétences s’est formalisé autour de plusieurs réunions. 

 

Cécile. Et nous avons ouverts il y a un an, à la fin du premier confinement.

 

Concrètement, comment s’est passée la préparation du projet ?

 

Emilie. Le département nous a suivi tout de suite au travers de sa politique de développement des tiers-lieux. Je me rappelle même que nous étions les premiers sur ce créneau-là. Nous sommes parvenus à obtenir jusqu’à 15 000 euros par an, normalement sur trois ans. Avant d’arriver avec nos gros sabots, nous voulions mieux connaître l’offre locale, pour mieux nous placer et non pas arriver en concurrence mais en complémentarité. Nous avons ainsi réalisé un diagnostic par questionnaire et fait remonter les informations de presque la moitié des 46 associations. Pour un village de 1 200 habitants, c’est loin d’être négligeable !

 

Cécile. La cohésion entre les fondateurs était également très forte. Ainsi, nous avons réussi à mobiliser 15 000 euros sur fonds propres. Mais tant qu’on ne fait pas, on ne voit pas, on n’est pas visible. Nous avions hâte de démarrer !

 

Emilie. En parallèle, j’ai participé à deux formations me permettant de me professionnaliser sur les tiers-lieux. La formation Sinny&Ooko à Paris m’a particulièrement boostée. Nous étions chaque jour dans un lieu différent et avons abordé un panel de sujets. La deuxième formation, aux Imaginations Fertiles, labellisée Fabrique de Territoire à Toulouse, était beaucoup plus technique et m’a apporté le brin de pragmatisme qui me manquait peut-être.

 

Comment avez-vous trouvé le bâtiment ?

 

Emilie. J’ai retrouvé un ami qui était en train de racheter le Café de la Poste. Nous avons commencé à bâtir le projet sur ce lieu parce qu’il correspondait tout à fait à ce que nous imaginions. Mais assez vite, des divergences sur la façon d’être et la manière de faire sont apparues, notamment au sujet de la non-lucrativité et le faire-ensemble. Fin 2019, nous avions tout, sauf le bâtiment !

 

Cécile. On voulait démarrer ! Les valeurs, les idées de fond étaient claires mais nous avions parfois encore un peu de mal à expliquer le concept. Nous étions pressés de démarrer, les réunions, ça va bien un moment.

 

Emilie. On a tout visité ; du bouiboui au palace à 300 000 €. Nous ne nous étions fermés aucune porte. Le 24 décembre 2019, les fondateurs ont visité le local actuel, fermé depuis un an.

 

Cécile. Quand on le visite, c’est en travaux partout, on est en décembre, il fait moche et froid. Le local est dégueulasse et petit. Nous n’étions pas emballés mais on se dit qu’en pétant certains murs et certaines cloisons, ça peut le faire. Nous décidons de le prendre un peu par défaut, voire par dépit ; notre dernière carte à jouer.

 

Emilie. De février à juin 2020, nous sommes dans les travaux du rez-de-chaussée. Le locataire des deux étages et du garage finit par partir en août et le propriétaire est ok pour nous louer le reste du bâtiment. Un accord est trouvé sur la répartition des charges et des travaux. Un bail précaire est signé avant d’envisager un bail commercial l’année prochaine. En parallèle, la municipalité a réhabilité une partie de la voirie du quartier. La façade du café s'embellit, les planètes s’alignent, il n’y a plus qu’à !

 

Qu’est-ce qu’on trouve à la Cafetière ?

 

Emilie. On y trouve un panel de services qui fait que chacun peut y voir quelque chose pour lui. Le café, notre principale source économique, est au centre bien entendu. D’ailleurs, nous avons pris la décision d’acheter une licence. On est au cœur du village et on avait envie que tout le monde s’y retrouve librement, sans nécessairement avoir à prendre une adhésion. Le premier été du café a été un énorme succès. Nous proposons aussi de la restauration légère avec un principe de base : on mange ce qu’il y a ou ce qu’il reste. Pour soulager les bénévoles, nous avons recruté une cuisinière pour six mois. On verra ce que ça donnera, nous sommes encore en phase de test. Pendant la haute saison, nous proposons également des concerts. La programmation c’est principalement du bouche à oreilles ; nous accueillons des artistes professionnels comme amateurs. Certains sont rémunérés au travers du Guso, d’autres au chapeau. Par le biais d’un partenariat avec une librairie toulousaine, les visiteurs du café ont aussi accès à une librairie en dépôt-vente. Enfin, l’association organise des ateliers partagés, en grande majorité gratuits. Avec les deux étages que nous allons récupérer, nous devrions développer deux autres services : la location de salle et d’espaces de coworking. Au final, il s’est juste passé ce qu’on avait imaginé en mieux !

 

Comment la Cafetière est-elle perçue localement ?

 

Emilie. Le fait qu’on était des personnes du village a clairement joué. Ils nous ont vu petits. D’ailleurs, c’est marrant parce que certains vieux habitants ont tendance à prendre l’ascendant mais on le leur laisse bien volontiers.

 

Françoise (qui nous a rejoint entre-temps). Parce que nous souhaitions nous inscrire en complémentarité et non en concurrence, nous avons décidé d’ouvrir en début de semaine. En fin de semaine, ce sont les plus gros soirs de l’autre bar du village. L’idée, c’est qu’il y ait toujours quelque chose qui se passe au village, que ça soit au travers de nos activités ou de celles des autres. Et, pour le moment, notre stratégie est payante.

 

Vous entretenez des liens avec d’autres réseaux ?

 

Emilie. Il y a un réseau de tiers-lieux commingeois qui est en train de se structurer sur trois communautés de communes. C’est important d’élargir notre vision, de partager et d’ailleurs, nous étions allés en voir dès le début. Une cartographie a mis en évidence qu’il existait dans le pays Comminges Pyrénées une vingtaine de structures. Au niveau départemental, un réseau est aussi en train de se mettre en place. L’initiative est récente mais surtout elle recouvre tellement de lieux différents qu’on est, pour le moment, en phase de faire tous connaissance. A l’échelle régionale, le réseau tiers-lieu d’Occitanie est bien développé mais il faut être labellisé pour y participer, ce qui n’est pas notre cas, pas encore en tout cas ! Dernièrement, nous avons, avec cinq autres (tiers-)lieux, répondu à un appel à projet destiné à favoriser le travail en réseau de lieux hybrides, au niveau de La Région. Un collectif, La Clic, s’est monté, pour préparer un festival itinérant en octobre.

 

Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?

 

Emilie. Dès notre entrée dans le local en février 2020, nous envisagions d’ouvrir en avril. Les choses ne se sont pas passées comme nous l’imaginions et les mois de confinement ont été presque exclusivement consacrés aux travaux. Pendant cette période, j’ai eu quelques visios avec d’autres tiers-lieux qui m’ont bien reboostée. On finira bien par ouvrir. Effectivement, de juillet à octobre, ça n’a pas arrêté, la saison a été un très grand succès. Avec le deuxième confinement fin octobre, on a un peu oublié la Cafetière ; je crois que tout le monde avait besoin de souffler. Dès décembre, nous avons rouvert uniquement le samedi matin ; ça a fait du bien à tout le monde. On a continué à s’y voir, les réseaux ont continué, les réunions aussi. La terrasse a finalement rouvert fin mai et ça a repris fort jusqu’aux annonces d’Emmanuel Macron en juillet. Nous avons pris la décision de fermer le bar. Pas question pour nous de trier les gens à l’entrée. 

 

Comment le collectif a-t-il été impacté ?

 

Emilie. Globalement, ça a été. Le Conseil d’Administration est toujours resté très soudé. Il y a juste eu un creux en novembre 2020 mais vu l’énergie que nous avions mise dans la première saison, c’était assez normal. En tout cas, jamais nous n’avons cessé de communiquer. On avait toujours quelque chose à dire. Aujourd’hui, le principal enjeu c’est de dire que La Cafetière ne ferme que son bar ; toutes les autres activités – les ateliers notamment – on espère les maintenir… 

 

Quelle est ta vision des prochains mois ?

 

Emilie. On rouvrira, on n’est pas inquiets. De façon générale, je ne crois pas à une inertie des comportements. La population ici est dynamique, elle s’organise pour continuer à vivre. Mais c'est sûr que la crise te fait prendre conscience que tout est éphémère. Nous profitons tant que nous pouvons le faire mais le jour où La Cafetière devra fermer, nous fermerons. Nous n’avons pas la sensation d’avoir un couteau sous la gorge.

 

Au final, le covid, crise ou opportunité ?

 

Emilie. Plutôt une opportunité. Avant la crise, nous arrivions au bout d’un système. Si on ne se réinvente pas, on va droit dans le mur. Au niveau du collectif, ça nous a en tout cas permis de renforcer la cohésion et le dialogue avec nos membres. Une grosse campagne d’adhésion a été lancée et l’AG a réuni près de quarante personnes en ligne. Nous disposons d’une super base pour continuer à avancer.

 

Les tiers-lieux : fragiles ou résilients ?


Emilie. Ces projets-là sont primordiaux et la flexibilité du cadre associatif les rend, d’une certaine manière, plus résilients. Ça commence à être plus complexe dès que l’association salarie des personnes. De manière générale, ce qui fait que ces lieux sont résilients, c’est parce que le collectif et les individus qui le font vivre sont aussi résilients dans leurs vies.

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