HISTORIQUE
Au départ, un coup de cœur, beaucoup d’audace, d’imagination et de courage. Quand Vincent, artiste sculpteur, découvre le lieu il y a 15 ans, il a des étoiles dans les yeux et décide d’acquérir l’ancienne usine de briques. D’autres le rejoignent, sculpteurs sur métal, photographe, et très vite le village d’artistes prend vie avec une idée : organiser des manifestations festives autour de différentes pratiques : musicale, sons et lumière, plasticiens, etc. Le Café associatif de la Poèterie est notamment créé pour organiser les représentations culturelles.
BATIMENT
Le bâtiment est une ancienne briqueterie. Vincent a réalisé par lui-même l’ensemble des travaux. Au sein du village, on distingue deux types d’espaces. Ceux dédiés au Café, loués par l’Association Tétrapop à Vincent, et les espaces privés (lofts, ateliers, gites, maisons, salle de concert en cours d’aménagement). Six ateliers / logements sont occupés de façon permanente par des artistes aux activités diverses : sculpture, peinture, photographie et studio d’enregistrement.
SERVICES ET USAGES
Le lieu propose plusieurs services et usages, distingués selon les deux types d’espaces :
Espaces privés :
-
Résidence permanente
-
Accueil de stages (percussion, danse africaine, etc.)
-
Location de logements et d’ateliers
-
Studio d’enregistrement
Espaces dédiés à l’association Tétrapop :
-
Café (licence 4)
-
Concerts (licence de spectacles)
-
Festivals (tels la Fête de l’Art qui réunit 1 500 personnes sur 3 jours)
-
Partenariat studio / école musique : découverte de l’univers musical professionnel
-
Tremplin (à gagner, la première partie du gros concert l’année suivante)
GOUVERNANCE
Le lieu porte une dimension collective mais c’est aussi un projet privé. Tétrapop est une association de Loi 1901. Elle gère le fonctionnement du café et organise la saison culturelle de mai à septembre (concerts gratuits une fois par semaine), dont la Fête de l’Art. L’association compte environ une centaine d’adhérents. Le Conseil d’Administration est composé de 10 personnes, dont 5 personnes qui habitent sur place. Vincent, de son côté, assure en direct la gestion des gites, des locations, du financement et construction des structures.
MOYENS
L’association emploie un seul salarié, Thomas, et accueille de temps à autre des services civiques. Elle peut également compter sur une quinzaine de bénévoles actifs tout au long de la saison. Le chiffre est porté à 80 à l’occasion de la Fête de l’Art. En ce qui concerne l’association, le budget annuel est estimé à 50 000 environ. A peine 1/5 des ressources proviennent de subventions publiques. Les autres recettes sont divisées entre le bar, la restauration, les adhésions et les dons.
Le Café de la Poèterie
16 septembre 2021
Le Café de la Poèterie est un lieu atypique situé à Saint-Sauveur-en-Puisaye dans l’Yonne. D’un coup de cœur il y a 15 ans nait un véritable village d’artistes. Sculpteurs sur métal, photographes, nombreux sont les artistes qui sont passés par l’ancienne briqueterie. Le lieu mêle dimension collective et projets privés. L’association Tétrapop gère le café, les concerts, l’organisation de la fête de l’Art. Elle accueille enfin un tremplin permettant à de jeunes artistes de se mettre en avant. Le lieu accueille aussi des résidences, des stages et propose à la location ateliers et hébergement. Un studio d’enregistrement est aussi dans les murs. Le Café fait partie du paysage local et on y croise tous les âges et tous les genres. Et bientôt, une nouvelle salle de spectacle qui promet de donner au lieu une nouvelle dimension !
RENCONTRE AVEC...
Laurène, administratrice
Le village est un projet privé mais avec une dimension collective. Comment ça marche ?
Chacun a ses responsabilités. L’association gère le café et la programmation culturelle. Le café est ouvert le vendredi et le samedi soir et, bien entendu, pendant la Fête de l’Art. Les concerts – 20 à 25 par an, sont gratuits, tout comme l’entrée à la Fête de l’Art gratuit. Les artistes sont rémunérés au cachet par l’association qui dispose d’une licence d’entrepreneur de spectacle. Malgré un budget relativement faible, la programmation est vraiment de qualité. Thomas est un magicien. De son côté, Vincent gère en direct les résidences permanentes, la location des gites et des ateliers. Honnêtement, le fait qu’une partie des activités du village soient organisées au travers d’un fonctionnement privé est plutôt une aubaine pour l’association. C’est plus léger pour nous, on a moins de responsabilités. Et je pense sincèrement que c’est ce qui fait que le projet dure.
Comment le village, et le Café de la Poèterie en particulier, sont-ils perçus localement ?
Je dirai que c’est un peu mitigé. Vincent a monté un projet privé et c’est surtout à partir du moment où Thomas est arrivé que le lieu a commencé à s’ouvrir sur l’extérieur. Thomas a vraiment à cœur de mettre en place des partenariats qui ont du sens. Avec l’école de musique, avec des brasseurs locaux ou encore les missions locales. Il tient aussi à maintenir de bonnes relations avec les institutions. Il a un don. Le lieu fait maintenant partie du paysage ; c’est le rendez-vous de l’été. Bien sûr, il y aura toujours des gens qui verront le lieu comme un repaire de punks ou de hippies mais c’est partout pareil. Et puis, vraiment, le village est plutôt bien perçu. On y croise tous les âges, toutes les cultures, l’accueil est incroyable. Plus il y a de liens, plus ça porte ses fruits. C’est pourquoi l’association sonde régulièrement les envies des habitants. Des projets à leur initiative étaient dans les starting-blocks mais du fait des confinements successifs, nous n’avons pu les maintenir. Nous entretenons également de très bonnes relations avec le Maire de Saint-Sauveur. La Commune a d’ailleurs acquis un lot au sein de l’ancienne usine. L’idée est d’en faire une maison des associations.
Vous entretenez des liens avec d’autres réseaux ?
Thomas communique régulièrement avec la Fédération des Musiques Actuelles de la Région (FEMA). La Fédération rassemble plusieurs associations musicales et permet de mutualiser les artistes. Il entretient aussi des liens avec la Péniche Cancale à Dijon, notamment dans ce but. L’objectif dans les prochaines années est de monter en niveau et en compétences sur les programmations. L’association adhère également la Fédération des Foyers Ruraux de l’Yonne. Etant donné que nous ne nous considérons pas comme des tiers-lieux, nous n’entretenons pas de liens privilégiés avec eux ou les fédérations.
Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?
Un peu après le premier confinement, on a commencé à retranscrire en direct des événements, des sorties de résidences principalement. Nous avons rouvert au mois de juillet. Il a fallu une grosse mobilisation pour trouver des groupes pour l’été. Les concerts étaient assis mais étant donné que c’était les seuls événements proposés dans le coin, ça a plutôt bien marché. A l’hiver, tout s’est arrêté et nous en avons profité pour prendre le temps de travailler sur des dossiers de financements. Le café a réouvert 21 mai 2021 et la saison a démarré juste après la fête de la musique en juin. Après c’était quand même très flou tout ça. Tu commences à préparer la saison mais au final tu ne sais pas si ça va rester ouvert longtemps. Il a fallu anticiper les annulations et c’était précaire, pour nous comme pour les artistes d’ailleurs. Ce qui a été mal vécu globalement, c’est le manque d’informations. Nous avons dû mettre en place un important système de veille sur les décrets d’application, les conditions d’accueil, etc. et ce n’était pas toujours évident.
Comment le collectif a-t-il été impacté ?
On n’a jamais baissé les bras, rien ne pouvait nous arrêter, même la pluie. Mais ce qui a été et qui est toujours très dur, c’est de mobiliser les bénévoles, de faire grandir le lien malgré les yoyos du gouvernement. D’autant plus que la soirée bénévoles n’a pas eu lieu, tout comme la Fête de l’Art. Et c’est très frustrant. Il a fallu gérer les peurs de chacun, qu’ils soient liés aux confinements ou au pass sanitaire. Malgré quelques bénévoles assidus, le contexte sanitaire fait que c’est trop de contraintes pour certaines personnes qui ne veulent plus venir. On ne sait pas comment on va faire si ça dure dans le temps.
Quelle est ta vision des prochains mois ?
Optimiste ! Les gens ont tellement été privés. Il se passe un truc : on y va. Sincèrement, nous avons fait une très très bonne saison. Au minimum une centaine de personnes par soirée. Alors qu’on est dans La Puisaye et qu’il fait froid !
Au final, le covid, crise ou opportunité ?
Plutôt une opportunité car quand tu es dans l’associatif et le bénévolat, ce n’est jamais linéaire. Dans ce milieu, j’ai le sentiment que nous arrivons toujours à faire des problèmes des opportunités. En ce qui concerne le Café de la Poèterie, je pense que cette période a permis de nous poser et de réfléchir aux échelons qui nous restaient à gravir pour devenir une Scène de Musiques Actuelles (SMAC). On aimerait que ce lieu devienne incontournable dans le Département voir dans la Région. Et puis, l’ouverture de la salle pour l’automne prochain offre des perspectives vraiment sympas !
Les tiers-lieux : fragiles ou résilients ?
Résilients évidemment !